M.G : quel est le fil conducteur de votre démarche créatrice ?
M.C.D : Je travaille à partir d’un mot. Ensuite j'imagine l'armature de la sculpture, comme une colonne vertébrale. A travers elle et autour d'elle, la sculpture grandit. L'ajout de matière sur l'armature va aider à traduire la vitalité voire la force.
M.G : Par quel cheminement animiste avez vous choisi de vous réapproprier la matière pour donner l'impression du mouvement ?.
M.C.D : Après avoir médité sur l'anatomie et réalisé des esquisses au fusain, construit l'armature, la sculpture subit une simplification , une élimination de l'anecdotique au profit d'une concentration sur l'expression et le mouvement. L'ajout de matière sur l'armature va aider à traduire la vitalité, voire la force de la sculpture
Progressivement, les volumes sont épurés, affinés. Les reliefs prennent de l'ampleur, la matière devient plus brute. Le travail sur les formes commence. Les pleins, les déliés s'affirment alors peu à peu.
M.G : Il semble que vous désirez vous libérer des contraintes terrestres, qu'en est il ?
M.C.D : En élançant les lignes de force vers le haut, que ce soit à travers les armatures mais aussi à travers les volumes intérieurs, la sculpture prend son envol dans l'espace. Elle se libère des contraintes terrestres. La solidité de l'assise et la volonté d'ancrage dans le sol, exprimant l'appartenance de l'être humain à la terre nourricière, évoluent.
M.G : Pouvez -vous brièvement présenter quelques unes des oeuvres qui vous sont chères ?
M .C : Avec Chamade ou jour de fête, les personnages se projettent dans l'espace... Les pieds de certains personnages qui trouvaient leur assise dans leur socle, se désolidarisent peu à peu. Certains sont ancrés dans le sol, symbole des racines terrestres, et d'autres s'en distancent...Les personnages, acteurs, de scènes de vie, S’éloignent du terrestre, pour prendre du recul face au monde qui les entoure. Ils se dégagent petit à petit du sensible et deviennent progressivement spectateur de l' évolution du monde, de ses facéties de ses aventures. Avec les pieds sur terre, la terre semble vouloir bouger, l'assise de la figure est certaine, mais en s'affinant, elle donne l'impression de voler. L'épurement des lignes semble conférer une légèreté, une distance. La sculpture prend son envol (…).
M.G : Par la traduction de la vie, la sculpture donne l'impression de se libérer dans l'espace.